Question d’actualité sur la rentrée scolaire et le contrat de plan régional de formation professionnelle – François Labroille
Séance des 10 et 11 février 2011
Question d’actualité sur la rentrée scolaire et le contrat de plan régional de formation professionnelle
François Labroille
Monsieur le Président,
La prochaine rentrée scolaire suscite beaucoup d’inquiétudes dans les lycées. Les organisations syndicales et de parents d’élèves nous alertent et, après leurs initiatives du 22 janvier, de nouvelles mobilisations ont lieu aujourd’hui même. Une initiative nationale est annoncée le 19 mars dans le cadre d’un appel largement unitaire associant syndicats, parents d’élèves, associations éducatives…
Non seulement l’obsession gouvernementale de réduire l’emploi public continue d’amputer l’offre de formation, mais la mise en œuvre de la réforme du lycée fragilise bien des enseignements. L’impact des 50 000 suppressions d’emplois d’enseignants en 7 ans a été particulièrement sensible en Île-de-France. S’y ajoute les effets très inégalitaires de la dérégulation de la carte scolaire. Les dotations horaires globales actuellement discutées font apparaître qu’un nouveau palier est en train d’être franchi. Cumulés sur les 3 académies d’Île-de-France, plus de 1000 emplois sont supprimés en établissement, alors que les effectifs remontent, en collège en particulier. Bien au delà de l’arithmétique, ce sont les possibilités de formation qui sont dangereusement mises à mal. Dans l’académie de Versailles, les heures spécifiques accordées aux lycées ZEP seraient supprimées. Partout, on assiste à des resserrements d’options, des réductions d’horaires et des regroupements de classes aux effectifs plus nombreux, facilités par la mise en œuvre de la réforme des classes de Première.
Une inquiétude particulière touche la voie technologique industrielle, transformée avec une vision plus théorique et moins appliquée des formations. Malgré des difficultés d’attractivité, elle était très appréciée par les entreprises et favorisait la poursuite en BTS ou IUT. Dans les voies générales, derrière l’affichage d’une visibilité accrue des voies et de parcours plus individualisés, il apparaît en fait un appauvrissement des contenus d’enseignement, avec l’exemple époustouflant de la dénaturation de l’enseignement des sciences économiques et sociales, désormais interdit de l’étude des classes sociales.
Cette politique gouvernementale ne peut que renforcer les dangereuses évolutions que la dernière enquête PISA de l’OCDE a encore mises en évidence : les résultats du système éducatif français marquent le pas et les inégalités se creusent. L’affichage d’une prétendue excellence pour quelques uns va à rebours de l’exigence de réussite de tous. En réalité, la politique gouvernementale tourne le dos aux objectifs mêmes de la loi Fillon : 100 % d’un classe d’âge qualifiée, 80 % de bacheliers et 50 % de diplômés à bac plus 3.
Monsieur le Président, vous avez lancé, avec le vice-président Maurel, l’élaboration avec l’Etat et les partenaires sociaux du contrat de plan régional de la formation professionnelle, qui doit aboutir en juin. Vous venez aussi de visiter le salon des métiers et d’y rencontrer des jeunes qui concourent aux olympiades. Vous avez pu y voir la complémentarité entre formations initiales sous statut scolaire les formations initiales sous statut d’apprentis. La réussite des unes ne peut se penser sans la réussite des autres et sans un rôle plus affirmé du service public. Les deux sont complémentaires, parce qu’elles ne sont pas cloisonnées : les jeunes ont besoin des deux dans leur parcours.
Pour les discussions à venir, il est décisif d’affirmer qu’on ne relèvera le niveau de formation que par l’élévation des niveaux de tous. C’est bien à tous les étages du système éducatif qu’il faut faire progresser le niveau de qualification pour que tous les jeunes aient un niveau de formation initiale solide, sans lequel la formation tout au long de la vie restera un slogan. C’est tout l’enjeu des discussions avec l’Etat et les partenaires sociaux.
Pour mener à bien l’élaboration de ce CPRDFP, comment entendez-vous interpeler le gouvernement sur ses choix ? Quelles exigences entendez-vous que la Région porte dans les ateliers sur l’AIO, la formation initiale et les formations de l’enseignement supérieur ? Bien au delà du soutien nécessaire aux mobilisations des enseignants, des parents et des jeunes, il s’agit bien de responsabilités majeures de la Région.